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Sébastien Georjon, SNCF Réseau : « L’enfonce-cheville Leborgne sécurise grandement le travail des cheminots »
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15.02.2022

Sébastien Georjon, SNCF Réseau : « L’enfonce-cheville Leborgne sécurise grandement le travail des cheminots »

Voilà de quoi tirer une sacrée épine du pied aux opérateurs de voies de chemin de fer. Depuis le début d’année, les cheminots de la SNCF du secteur de Saint-Etienne (Loire) sont équipés d’un nouvel outil : l’enfonce-cheville Leborgne. C’est le résultat de 18 mois de recherche et de développement entrepris aux côtés de l’entreprise de transport ferroviaire et débuté à l’été 2020, après à un nouvel accident du travail provoqué par des outils inadaptés. La SNCF sollicite alors le groupe Leborgne. Avec un objectif : trouver un outil plus fiable et plus sécuritaire. A l’initiative de cette démarche, Sébastien Georjon, technicien opérateur secteur Saint-Etienne UP voie Loire chez SNCF Réseau. Particulièrement satisfait du résultat de cette belle collaboration, il nous raconte la genèse de l’outil et comment il améliore les conditions de travail des agents. Rencontre.

Voilà de quoi tirer une sacrée épine du pied aux opérateurs de voies de chemin de fer. Depuis le début d’année, les cheminots de la SNCF du secteur de Saint-Etienne (Loire) sont équipés d’un nouvel outil : l’enfonce-cheville Leborgne. C’est le résultat de 18 mois de recherche et de développement entrepris aux côtés de l’entreprise de transport ferroviaire et débuté à l’été 2020, après un nouvel accident du travail provoqué par des outils inadaptés. La SNCF sollicite alors le groupe Leborgne. Avec un objectif : trouver un outil plus fiable et plus sécuritaire. A l’initiative de cette démarche, Sébastien Georjon, technicien opérateur secteur Saint-Etienne UP voie Loire chez SNCF Réseau. Particulièrement satisfait du résultat de cette belle collaboration, il nous raconte la genèse de l’outil et comment il améliore les conditions de travail des agents. Rencontre.

 

En quoi consiste votre mission de technicien opérateur sur le secteur de Saint-Etienne  ?

Sébastien Georjon : Saint-Etienne-Lyon est la première ligne de France, après le RER parisien, en nombre de voyageurs quotidiens transportés, avec une moyenne de 100 000 voyageurs par jour. Je suis en charge de contrôler tout ce que font les agents en matière de bouclage technique. Notre objectif se résume simplement : le trafic ne doit jamais être à l’arrêt ! Ainsi, nous avons des plans de maintenance à respecter avec des zones à contrôler à une période donnée. C’est un secteur où nous travaillons beaucoup de nuit. Je programme et mets en œuvre des chantiers, je m’assure du respect des prescriptions, des règles techniques et des règles de sécurité. Les agents réalisent des relevés et mon rôle est de vérifier que les cotes sont respectées. Dans le cas contraire, nous pouvons décider de prendre des mesures en urgence, d’intensifier la surveillance et parfois même d’arrêter la circulation et ou de limiter temporairement la vitesse des trains. C’est une mission complète et passionnante !

 

Concrètement, à quoi ressemble un chantier sur les voies ?

Sébastien Georjon : Il peut être de toute sorte ! On peut par exemple remplacer le rail. S’il a un défaut, il est surveillé. Si ce défaut atteint une valeur trop importante, nous allons tronçonner le rail pour le changer. De la même manière, si une pièce de bois est abîmée ou si elle n’assure plus sa fonction, à partir d’un certain seuil d’alerte nous allons procéder à son remplacement. En début d’année, nous nous occupons plus particulièrement de tout ce qui touche à la sécurité. Au printemps, nous nous concentrons sur toutes les mises en conformité. Mais sur l’ensemble de l’année, nous faisons beaucoup de surveillance à travers les tournées de nos équipes.

 

« Jusqu’à 3 000 chevilles sont enforcées tous les kilomètres de voie »

Sébastien Georjon, SNCF Réseau : « L’enfonce-cheville Leborgne sécurise grandement le travail des cheminots »

 

Quels sont les différents points de contrôle lors de ces tournées ?

Sébastien Georjon : Comme pour le contrôle technique d’une voiture, ils sont nombreux, plusieurs dizaines. Cela va de l’infrastructure à la superstructure. Sur 10 mètres de voie, nous allons regarder les traverses, les attaches, les rails, la végétation, l’assainissement, les chantiers aux alentours des voies, etc. Pendant nos tournées, nous allons tenir compte des anciens points de vérification et nous en créons de nouveaux. Nous regardons si les anciens points de vérification ont évolué, s’ils ont été traités. Nous examinons les cotes de sécurité et le contrôle technique de l’appareil de voie. L’appareil de voie, ce sont toutes les pièces métalliques qui permettent de bifurquer d’une voie à une autre. On ne s’ennuie pas !

 

Dans quelle situation utilisez-vous un enfonce-cheville ?

Sébastien Georjon : Nous intervenons avec l’enfonce-cheville sur le matériel équipé de traverses bois ou de support bois. S’il y a par exemple un défaut d’écartement trop important entre deux files de rail – en France la norme est de 1,437 mètre – nous intervenons. Pour ce faire, nous défaisons les attaches, nous mettons des chevilles bois, nous remettons le rail en perçant pour ramener l’écartement au plus près de la norme. La cheville, c’est la pièce qui maintient le rail sur la traverse. Autrement dit, c’est ce qui consolide l’attache. Et sur une voie, il y a une traverse tous les 60 centimètres, soit 1 666 traverses au kilomètre. Donc si on fait le calcul, cela représente selon la pose et l’état de la voie équipée de traverses en bois jusqu’à 3 000 chevilles enfoncées par kilomètre, c’est énorme.

 

« Les accidents du travail étaient trop nombreux, il fallait agir »

 

A quel moment avez-vous ressenti le besoin de disposer d’un nouvel outil ?

Sébastien Georjon : Je travaille à la SNCF depuis 20 ans. Au fil des années, j’ai vu ou eu connaissance de plusieurs accidents liés à des éclats de masse et d’enfonce-cheville. Par rapport à cette problématique, les choses n’ont jamais beaucoup évolué. C’est suite au dernier accident que nous avons pris la décision d’avancer plus vite. Les accidents du travail coûtent cher, humainement et socialement, et il fallait faire bouger les choses pour ce que ça ne se reproduise pas. La dernière fois qu’il y a eu ce type d’accident, notre collègue est parti avec les pompiers. Il avait un morceau de métal dans le bras, provenant de l’outil que nous utilisions à l’époque. Dans son cas, les choses se sont bien terminées. D’autres collègues ont aussi pris des éclats dans les jambes, une autre fois vers l’œil. Un éclat, c’est comme une balle. La sécurité de nos chantiers est en jeu.

 

Et c’est suite à ces accidents que vous avez décidé de contacter Leborgne® ?

Sébastien Georjon : A l’été 2020, j’ai contacté plusieurs entreprises. J’ai cherché les coordonnées sur internet et je les ai appelés. Chez Leborgne, je suis tombé sur Chris Thelisson, coordinateur service R&D. Il occupait une fonction qui était exactement celle que je recherchais. Il avait la possibilité de créer des produits par rapport à des demandes d’entreprises. Aucune autre entreprise ne disposait d’un poste équivalent et personne d’autre ne m’a apporté de réponse. Aujourd’hui, cela fait un an et demi que nous sommes en relation avec le service R&D de Leborgne. Nous avons essayé de faire avancer le produit. Il est venu plusieurs fois sur le terrain pour voir ce qu’il était possible de faire. A la SNCF, nous avons une application participative qui s’appelle « Léonard » et qui permet de lancer des initiatives innovantes et apporter des améliorations. J’ai inscrit le projet dans cette démarche et nous sommes allés jusqu’au bout.

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« Pour concevoir un nouvel outil, Leborgne a été le seul à répondre à notre demande »

 

Avant l’arrivée du nouvel enfonce-cheville de Leborgne, quel outil utilisiez-vous ?

Sébastien Georjon : On utilisait une masse et une massette. Nous mettions la cheville dans la selle, la pièce métallique située sous le rail. Nous enfoncions la première partie avec la massette et on tapait sur la massette avec la masse. Ensuite, on tapait avec la masse sur l’enfonce-cheville. C’était donc acier contre acier, ce qui est particulièrement dangereux. Les anciens mettaient des chiffons ou des peaux de chamois entre les deux mais à travers le temps, la pratique s’est perdue. Il est aussi possible qu’aujourd’hui les métaux soient de moins bonne qualité.

 

Comment s'est passée la phase de recherche et de développement de l'enfonce-cheville avec Leborgne ?

Sébastien Georjon : Cela a été très fluide ! On a d’abord expliqué quel était notre problématique et ce qu’on attendait. Chris Thelisson a tout de suite compris quel était notre besoin et bien identifié la problématique de sécurité. Ensuite, quand il est venu pour la première fois sur le terrain, il nous a présenté un premier prototype qui ne convenait pas aux agents. Leborgne nous alors proposé de mettre un embout sécurité sur l’enfonce cheville. Plusieurs prototypes ont été conçus, main dans la main pour arriver à l’enfonce-cheville actuel. Il est composé d’un manche tri-matière pour la solidité et de l’embout interchangeable pour la sécurité. Quant à la tranche, elle doit encore évoluer, nous sommes encore dans une phase d’échanges. Aujourd’hui, l’enfonce-cheville est finalisé et il a déjà été distribué aux équipes. Actuellement, nous en disposons d’environ 80.

 

« Sécurisé, résistant, ergonomique… L’enfonce-cheville Leborgne nous apporte de la sérénité sur nos chantiers »

 

Quel accueil a reçu l’enfonce-cheville Leborgne auprès des agents ?

Sébastien Georjon : Un très bon accueil, car il y avait une vraie attente de disposer d’un outil à la fois performant, adapté et sécurisé. Aujourd’hui sur notre secteur, il y a environ 4 enfonce-chevilles par équipe. Beaucoup de nos agents ont trouvé que c’était un très bon outil. Il est certain que cela va dans le bon sens. Nous attendons de voir maintenant combien de temps il faudra avant de changer la pièce-fusible. Mais oui, on peut dire que l’outil a été largement adopté !

 

Justement, quels avantages de l’enfonce-cheville Leborgne avez-vous identifiés ?

Sébastien Georjon : Ils sont nombreux ! Cela permet d’éviter les accidents, c’est évidemment une très bonne chose. On constate une forte diminution des risques. C’est un outil qui a sécurisé le travail des cheminots. Et puis, les agents travaillent avec davantage de confort grâce notamment à la pièce-fusible qui diminue les vibrations. C’est un outil plus ergonomique. Avec ce nouvel enfonce-cheville, on dispose d’un manche incassable, un vrai changement par rapport aux anciens manches en bois qui cassaient très régulièrement. C’est donc un outil plus précis et plus fiable. Il a aussi un intérêt économique. Auparavant, notre outil était fabriqué en interne et nous rajoutions des manches dessus. Désormais, l’outil fabriqué par Leborgne est beaucoup plus sûr et nous coûte moins cher. Avec l’enfonce-cheville Leborgne, je suis plus serein quand les équipes sont sur le terrain. Et ça fait du bien !

 

« Une innovation pour tous les professionnels du rail »

 

D’autres agents SNCF vont-ils bientôt en bénéficier  ?

Sébastien Georjon : L’enfonce-cheville Leborgne a déjà été distribué à tous les agents de l’Infrapole rhodanien. L’idée est qu’un maximum de personnes puissent l’utiliser. D’autres régions sont déjà demandeuses, c’est le cas notamment du secteur de Nancy qui a contacté Leborgne. A la SNCF, nous disposons d’un système d’achat interne. Leborgne nous revend l’enfonce-cheville via l’entreprise Legallais. Cela signifie qu’on peut l’acheter au niveau national. Et puis au-delà de la SNCF, toutes les entreprises sous-traitantes qui font de la maintenance ferroviaire utilisent cet outil. Ce sont des outillages très spécifiques. Plus d’une fois, nous les avons dépannées avec ce type de matériel. Ces entreprises, il en existe des dizaines. Il y a une vraie demande. Je suis heureux d’avoir pu contribuer à cette innovation qui sert désormais à tous !

 


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